mercredi 22 juillet 2009

La grande peur...

Vieillir, la Grande Peur sur la Vie... Il semblerait qu'une des grandes obsessions de notre société soit non plus l'angoisse de la mort mais les signes avant-coureurs de celle-ci, les signes du temps sur notre visage et notre corps...
Avant, je veux dire du temps de nos grands-parents, on acceptait avec fatalisme cette inéluctable déchéance du corps, cette défaite de la chair face aux méfaits implacables du temps... On exposait sans crainte sa peau laiteuse dans une compétition effrénée pour atteindre le brun cacao tant convoité, on supprimait les hydrates de carbone pour ressembler à une créature filiforme mais encore féminine, on fumait comme un pompier, tout cela impunément... Ah! les années bénies de l'après-guerre culminant dans les années 70, reines de l'insouciance et de l'inconséquence...
Bon, après, on devenait une vielle peau toute flapie, mais qu'est-ce qu'on s'était éclatée... On était un vieux beau encore fringant, habitué qu'on était à lever des poulettes sans effort, liberté sexuelle oblige...

Puis on a commencé à avoir peur... On a découvert que le soleil, ce merveilleux complice de notre sensualité golden age, était mauvais pour la peau... Ensuite, la cigarette a perdu son côté sexy, l'horrible nom du cancer a été prononcé... Enfin, le sida est apparu. On a montré le homosexuels et les drogués du doigt, mais on a pas été tranquille pour longtemps... Tout le monde était visé.

L'insouciance s'est envolée, la peur s'est installée. Le but de l'existance n'était plus de brûler la chandelle par les deux bouts aussi vite que possible, pourvu qu'on ait l'ivresse... Non, le nouveau défi, c'était de durer aussi longtemps que possible.

Le problème, c'est que lorsqu'on vise un objectif aussi ambitieux, on doit essayer de limiter les dégâts... L'idéologie dominante était alors tenue par l'industrie cosmétique qui, rivalisant d'ingéniosité, a su convaincre les femmes que leurs crèmes miraculeuses aux noms de plus en plus scientifiques et tirés par les cheveux étaient promesse d'éternelle jeunesse... Qui pourrait croire que ces cocktails chimiques (lisez une fois la composition, pour voir) peuvent stopper le processus de vieillissement biologique... Mais bon, les pots sont si jolis et les élixirs sentent si bon, on succombe, on rêve qu'une fois tartinées de ces mixtures nous retrouverons notre épiderme de bébé... Pour ma part, je n'utilise que des produits bio, ça me semble mieux adapté à la nature vivante de mon organisme, mais bon, je ne vais pas créer une secte non plus, hein...
Mais, passé un certain cap, ça ne suffisait plus. Alors on s'est tourné vers les nouveaux gourous de l'éternelle jeunesse, les chirurgiens esthétiques (alias plasticiens)! D'abord timidement, le nez seulement, ou les oreilles, pour ne plus ressembler à la tante Berthe, puis, on se trouvait un peu plate, finie la mode des poitrines à la Jane Birkin, on voulait du Gina Lolobrigida (d'où l'expression "les lolos", oui, je sais, j'ai un fond de culture très éclectique)... Les grosses voulaient leur liposuccion, les maigres leurs implants fessiers, les vieillissantes leur lifting, les jeunes leurs injections de botox qui les rendirent inexpressives à souhait, les coquettes sont devenues accros aux injections de collagène et on a vu partout fleurir des drôles de bouches à la Donald Duck... Je respire un coup après cette longue énumération... Je pourrais continuer, la liste n'est pas exhaustive.
Pour les curieux, je ne saurais trop vous recommander le site www.awfulplasticsurgery.com, ça vous ôtera à jamais l'envie d'avoir recours à un truc pareil! Vous découvrirez que les chirurgiens plasticiens et leurs clients ont vraiment un goût de chiotte (un peu de grossièreté sied bien à ce thème). Mais bon sang, en quoi une vielle bimbo siliconée et lippue, implantée de pommettes artificielles dignes d'un hamster, en quoi peut-on la trouver belle? Arrêtez le massacre!
Moi non plus je ne veux pas vieillir, mais bon, on y passe tous et je veux ressembler à un être humain... Une pensée émue à Michael Jackson, victime de ce cercle infernal dans lequel sont tombés bien des êtres fragilisés par la vie et assoiffés d'amour... ne le trouvant même pas en eux-mêmes...

Snif, tout ça est bien triste. Allez, je vais vous remonter le moral : si vous avez peur de subir les affres du temps, dites-vous que vous pouvez mourir jeune! Là, ça va mieux maintenant?