vendredi 16 octobre 2009

Les escarpins

En surfant sur le net, à mes rares heures désoeuvrées, je suis tombée en admiration sur une paire de chaussures griffées du couturier londonien Paul Smith... Fines, racées, cambrées, un talon de dix centimètres, de cuir vernies aubergine et noires... En un mot, sublimes... Il me les fallait.
Le cours de la livre sterling étant au plus bas, je n'ai pas hésité longtemps et j'ai donc succombé à la tentation... Une seule paire était encore disponible dans ma pointure, un ravissant 36 que je voyais déjà à mes petits petons...
A peine une semaine et déjà la boîte zébrée était dans mes mains avides, j'arrachai l'emballage et dévoilai le double objet de ma convoitise... Mon pied frétillait d'impatience, se glissa dans l'écrin somptueux et... fut quelque peu surpris par l'étroitesse de ce 36, qui, ma foi, était vraiment serré... Je vérifiai promptement la taille en scrutant la semelle, non, pas de doute, c'était écrit 36, mais il est vrai que les Anglais n'ont pas les mêmes mesures et peut-être ont-ils mal converti leurs inches... Je réessayai les précieux escarpins... Vous souvenez-vous de la scène dans laquelle Javotte et Anastasie enfilent la pantoufle de verre (non, de vair, mais pas chez Disney, ah, ces Américains...) de Cendrillon? Non, je plaisante, ça allait déjà mieux, j'esquissai quelques pas devant le miroir et me rendis compte que le cuir s'adaptait à mon pied - à moins que ce fût l'inverse... Je songeai un instant à retourner le colis, mais à mesure que je gardai ces petits bijoux aux pieds, et que je les contemplais, je n'en eus pas le coeur, d'autant que finalement, elles n'étaient pas si serrées que ça.
Bon, je n'irai pas faire mon jogging avec, non plus. Mais tout de même, ces Anglais, on se demande s'ils n'ont pas gardé quelques succursales à Hong Kong, vous savez, en Chine, le pays où les femmes, du temps de l'Empire du Milieu, se faisaient bander les pieds pour paraître féminines...

mercredi 22 juillet 2009

La grande peur...

Vieillir, la Grande Peur sur la Vie... Il semblerait qu'une des grandes obsessions de notre société soit non plus l'angoisse de la mort mais les signes avant-coureurs de celle-ci, les signes du temps sur notre visage et notre corps...
Avant, je veux dire du temps de nos grands-parents, on acceptait avec fatalisme cette inéluctable déchéance du corps, cette défaite de la chair face aux méfaits implacables du temps... On exposait sans crainte sa peau laiteuse dans une compétition effrénée pour atteindre le brun cacao tant convoité, on supprimait les hydrates de carbone pour ressembler à une créature filiforme mais encore féminine, on fumait comme un pompier, tout cela impunément... Ah! les années bénies de l'après-guerre culminant dans les années 70, reines de l'insouciance et de l'inconséquence...
Bon, après, on devenait une vielle peau toute flapie, mais qu'est-ce qu'on s'était éclatée... On était un vieux beau encore fringant, habitué qu'on était à lever des poulettes sans effort, liberté sexuelle oblige...

Puis on a commencé à avoir peur... On a découvert que le soleil, ce merveilleux complice de notre sensualité golden age, était mauvais pour la peau... Ensuite, la cigarette a perdu son côté sexy, l'horrible nom du cancer a été prononcé... Enfin, le sida est apparu. On a montré le homosexuels et les drogués du doigt, mais on a pas été tranquille pour longtemps... Tout le monde était visé.

L'insouciance s'est envolée, la peur s'est installée. Le but de l'existance n'était plus de brûler la chandelle par les deux bouts aussi vite que possible, pourvu qu'on ait l'ivresse... Non, le nouveau défi, c'était de durer aussi longtemps que possible.

Le problème, c'est que lorsqu'on vise un objectif aussi ambitieux, on doit essayer de limiter les dégâts... L'idéologie dominante était alors tenue par l'industrie cosmétique qui, rivalisant d'ingéniosité, a su convaincre les femmes que leurs crèmes miraculeuses aux noms de plus en plus scientifiques et tirés par les cheveux étaient promesse d'éternelle jeunesse... Qui pourrait croire que ces cocktails chimiques (lisez une fois la composition, pour voir) peuvent stopper le processus de vieillissement biologique... Mais bon, les pots sont si jolis et les élixirs sentent si bon, on succombe, on rêve qu'une fois tartinées de ces mixtures nous retrouverons notre épiderme de bébé... Pour ma part, je n'utilise que des produits bio, ça me semble mieux adapté à la nature vivante de mon organisme, mais bon, je ne vais pas créer une secte non plus, hein...
Mais, passé un certain cap, ça ne suffisait plus. Alors on s'est tourné vers les nouveaux gourous de l'éternelle jeunesse, les chirurgiens esthétiques (alias plasticiens)! D'abord timidement, le nez seulement, ou les oreilles, pour ne plus ressembler à la tante Berthe, puis, on se trouvait un peu plate, finie la mode des poitrines à la Jane Birkin, on voulait du Gina Lolobrigida (d'où l'expression "les lolos", oui, je sais, j'ai un fond de culture très éclectique)... Les grosses voulaient leur liposuccion, les maigres leurs implants fessiers, les vieillissantes leur lifting, les jeunes leurs injections de botox qui les rendirent inexpressives à souhait, les coquettes sont devenues accros aux injections de collagène et on a vu partout fleurir des drôles de bouches à la Donald Duck... Je respire un coup après cette longue énumération... Je pourrais continuer, la liste n'est pas exhaustive.
Pour les curieux, je ne saurais trop vous recommander le site www.awfulplasticsurgery.com, ça vous ôtera à jamais l'envie d'avoir recours à un truc pareil! Vous découvrirez que les chirurgiens plasticiens et leurs clients ont vraiment un goût de chiotte (un peu de grossièreté sied bien à ce thème). Mais bon sang, en quoi une vielle bimbo siliconée et lippue, implantée de pommettes artificielles dignes d'un hamster, en quoi peut-on la trouver belle? Arrêtez le massacre!
Moi non plus je ne veux pas vieillir, mais bon, on y passe tous et je veux ressembler à un être humain... Une pensée émue à Michael Jackson, victime de ce cercle infernal dans lequel sont tombés bien des êtres fragilisés par la vie et assoiffés d'amour... ne le trouvant même pas en eux-mêmes...

Snif, tout ça est bien triste. Allez, je vais vous remonter le moral : si vous avez peur de subir les affres du temps, dites-vous que vous pouvez mourir jeune! Là, ça va mieux maintenant?

lundi 6 juillet 2009

Le complexe de Job

Le livre de Job, vous connaissez? Ancien Testament, la Bible, ce n'est peut-être pas votre tasse de thé, mais pour moi c'est une lecture vespérale appréciée et souvent méditée...
Bref, l'histoire de Job commence par un dialogue entre Dieu et Satan. L'Eternel vante devant l'ange déchu les mérites de Job, homme juste et irréprochable, attaché à Lui et par conséquent béni. Satan met en doute la fidélité de Job envers Dieu, et fait un pari avec Lui : qu'Il lui livre Job et sa vie, il se chargera d'en faire un enfer, et là on verra bien s'il ne maudit pas Dieu ensuite... Dieu accepte le défi, en affirmant que son serviteur (Job) ne le maudirait jamais et lui resterait fidèle quoiqu'il advienne, à la seule condition que sa vie soit épargnée...
Et là, cher lecteur, lectrice, frémissez devant le destin de ce pauvre Job : il était riche, il devient pauvre (jusque là, ça va), il perd son bétail dans un incendie (ça se gâte), et aussi ses sept enfants (aïe! là ça va plus du tout!), et pour couronner le tout, il attrape une cochonnerie de maladie de peau et il passe ses journées à se gratter avec un tesson de tuile ou de bouteille, je ne sais plus...
Bon, il lui reste des amis, Bilal, Elihou et Elifaz, qui cherchent à lui remonter le moral, mais aussi à lui démontrer que si de tels malheurs s'abattent sur lui, c'est qu'il est forcément coupable devant Dieu!
Et là, Job ne cesse de proclamer son innocence, se lamente tout de même, mais ne maudit pas Dieu...
Ce livre renferme toutes sortes de réflexions métaphysiques sur la grandeur de Dieu, sa toute puissance et sa justice...
L'histoire finit bien : devant la fidélité de Job, Dieu guérit Job, lui rend sa richesse, lui donne à nouveau des enfants...
J'aime bien cette histoire, elle est truffée de sagesse, attention, ne picorez pas, mais lisez-là en entier, car certains passages argumentatifs doivent être compris dans leur contexte... Elle m'inspire pour ma vie, surtout en ce moment, où je souffre d'un certain complexe de Job...

dimanche 7 juin 2009

De l'injustice apparente et de la Justice de Dieu... et autres considérations philosophiques et métaphysiques...

Un mois riche en émotions, en rebondissement vient de s'écouler... Pardon, ô lecteur et lectrice patients et peut-être résignés devant un tel silence. 
Par quoi commencer? Je vais vous narrer tout d'abord la nouvelle qui m'a peut-être le plus bouleversée et qui m'a plongée dans des abysses de réflexions sur la Vie... La vie, incompréhensible, lorsqu'on abandonne la chose - ou plutôt l'être - en  qui on croyait tenir le plus et qui vous la renvoie telle un boomerang. Plus prosaïquement, je veux parler de mon ex, un homme que j'ai trop aimé et sans doute trop longtemps et qui, pour son malheur, ne m'a pas donné la vie que je souhaitais... Je l'ai quitté pour celui qui devait devenir le père de mon enfant. Ce même homme, appelons-le Antony, me regrette amèrement, surtout depuis qu'il est tombé sur la mère de son enfant, une femme qui l'a maltraité en le quittant pendant sa grossesse (c'est le monde à l'envers, je sais!) et en le trompant à maintes reprises! 
Ironie du sort, lorsque je vous aurais dit qu'Antony était un coureur de jupons invétéré et incapable de la moindre fidélité... avant de tomber sur une garce de son acabit! 
La justice peut prendre des formes cruelles, parfois, mais dans le cas de cet homme, elle s'est révélée salutaire, selon ses propres aveux. Cet homme qui s'était montré si léger et insensible à mon égard me demande pardon chaque fois qu'il me voit... Pardon de m'avoir fait souffrir et d'avoir été un salaud (je cite)... A tel point que je dois lui soutenir à chaque fois que c'est du passé, que j'ai tourné la page, bref que je lui pardonne et qu'il doit oublier...
Certes, ces excuses tardives, je les avais espérées, mais elles étaient inattendues. En tous cas, elle ont mis un baume certain sur mon coeur et m'ont aidé à réellement lui accorder mon pardon.
La semaine passée, je reçois un message d'un ami d'Antony qui m'a ébranlée : il venait d'avoir une crise cardiaque! Non, il n'était pas mort, mais il s'en était fallu d'un cheveu! Mes certitudes sur la pérennité de l'existence humaine ont depuis longtemps volé en éclat... Mais il est vrai que la plupart des gens évitent de songer à cette échéance ultime, surtout quand ils ne sont pas soutenus par une espérance telle que la mienne... celle d'une vie éternelle dans l'au-delà... J'avais déjà évoqué ce sujet hautement spirituel avec mon ex, mais là - et peut-être pour la première fois - nous nous sommes rejoints intellectuellement.
Car depuis ce jour, Antony se sent en sursis, selon ses propres mots... Il a un fils de trois ans, avec lequel il ne vit pas, mais qu'il voit régulièrement, et qu'il aime (tiens, ça ne vous rappelle pas quelque chose, ironie encore...). Et tandis qu'il étouffait, en proie à son malaise cardiaque, sa seule pensée a été pour son fils... 
A l'aube d'une nouvelle vie que la providence lui offre, une nouvelle chance aussi s'offre à lui... La chance de donner un vrai sens à son existence en aimant les siens chaque jour qui lui est donné de sur-vivre...
Cher lecteur, mon sujet était grave, mon style aussi, veuillez me pardonner...

samedi 18 avril 2009

De la trahison, de la fidélité et autres considérations hautement philosophiques...

Trahison : acte infâme qui surgit d'un coeur tortueux... Ou plus familièrement, coup tordu. 
Je sais, formulée ainsi, cette définition semble sortie d'un dictionnaire. Que celui qui n'a jamais été trahi lève la main... et que celui qui n'a jamais trahi se désigne... Personne. Bon, je m'en doutais. Ah, la nature humaine est donc irrécupérable.
L'ennui, c'est que moi, je suis fidèle. Viscéralement, indécrottablement, pénélopement fidèle. Beurk! Je me dégoûte tellement je suis fidèle. Un vrai saint-bernard! Mais pourquoi? Pourquoi est-ce que je ne peux pas me comporter comme une garce, je me sentirais tellement mieux... du moins pendant un temps.
J'ai connu mon antithèse. Une fille, un peu nymphomane, qui changeait si souvent de mec qu'elle avait dû se taper tout l'annuaire téléphonique de la ville... D'ailleurs elle vendait des espaces publicitaires dans ledit annuaire... Mais malgré ses tentatives effrénées pour trouver le grand amour (sic!), c'était la plus dépressive et chaotique des personnes que j'ai rencontrées. Cette quête perpétuelle et désespérée était accompagnée de son cortège de dépendances dont la plus destructrice fut sans doute la cocaïne. Je l'avais connue jeune et belle, dans la splendeur de ses trente ans. Je l'ai perdue de vue à l'aube de la quarantaine, fanée et délaissée de tous...
Mais je m'égare, moins cependant que la personne dont je viens d'évoquer le souvenir... Je parlais de trahison. Celles qu'on m'a faites bien sûr, "on" se référant uniquement aux hommes que j'ai fréquentés. Pour une femme, la pire des trahisons est sans doute l'infidélité... Rien de plus douloureux, mortifiant, humiliant que d'être délaissée, dans un premier temps, puis rejetée par l'homme de votre vie pour une autre plus jeune ou plus rigolote ou plus ceci ou cela... Et dont l'unique mérite est l'attrait de la nouveauté, à la fois de la situation et du regard porté sur le mâle qui redore ainsi sa virilité malmenée par un regard plus lucide que dans les premiers temps de la relation... Tous les hommes sont-ils aussi fragiles, ont-ils une image aussi floue d'eux-même, sont-ils aussi peu sûrs d'être aimés, qu'à la moindre difficulté dans leur couple, ils s'évadent, voire désertent et quittent le navire?
Existe-t-il un seul homme constant sur cette terre? Je jette ma bouteille à la mer et j'attends toujours mon beau capitaine sur ma chaloupe qui commence sérieusement à prendre l'eau, bordel!

mardi 31 mars 2009

Le vestiaire...

Le vestiaire de mon club de sport est un lieu incontournable, sas par lequel la citadine élégante et impeccablement maquillée et coiffée transite et se métamorphose en créature féline et moulée dans un survêtement de sport Tommy Hifliger dernier cri...
Lieu de toutes les rencontres, où l'on se dévoile, se compare, jauge la beauté ou la laideur de ses congénères, d'un regard furtif mais à qui rien n'échappe. Je n'évoquerai que brièvement la concurrence déloyale, la jeunette de vingt ans qui n'a pas un gramme de cellulite - ça me rappelle moi, tiens, quand j'étais plus jeune (gros soupir)... Je passerai comme chat sur braise sur la vraie laideur, celle qui dégouline de graisse et de varices, on se demande comment elle a pu en arriver là, et pourtant je suis sûre qu'elle n'a pas cinquante ans! Non, je m'attarderai sur les femmes de mon âge, la quarantaine bien conservée, la cuisse encore ferme, le ventre plutôt plat, le triceps pas encore flasque, le teint encore frais... On appelle cela entre deux âges... Je frémis en me demandant si je vais bientôt franchir cette frontière qui se rapproche inéluctablement... Non, la jeunesse, ce n'est pas que dans la tête... Heureusement, cher lecteur, chère lectrice, je suis une chanceuse de la génétique et lorsque je dévoile mon âge à mes nouveaux amis, ils en ont la mâchoire qui tombe et une lueur envieuse se lit dans leur pupille... Mais les gènes n'y sont pas pour tout... Cette apparence juvénile, figurez-vous que j'y travaille! Je fais attention, à tout, pas d'alcool, pas de cigarettes, pas de soleil non plus (de toutes façons, ma peau ne bronze pas, elle brûle au soleil, alors écran total, vous voyez le genre...), alimentation équilibrée, un peu de sport... A la longue, ça paye. 
Dans le vestiaire, j'ose encore me dévêtir, me doucher devant les autres, être observée et j'espère bien que ça va continuer encore longtemps...

samedi 28 mars 2009

Musclée...

La maternité est sans doute la plus belle expérience qu'une femme puisse vivre... L'amour d'un homme est une chose souvent fluctuante et insaisissable de toutes façons, mais l'amour d'un enfant est absolu et bien réel... Cette merveilleuse relation d'amour, fusionnelle avec le nourrisson, puis plus libre à mesure qu'il grandit, a comblé mon coeur et donné un sens plus profond à mon existence jusque là trop solitaire... 
J'ai toujours pris grand soin de mon corps, non par narcissisme, mais par souci de santé et d'esthétique... J'ai toujours été très mince et j'entretenais ma ligne en pratiquant avec discipline des sports en salle, musculation et divers cours dans un club... Ma grossesse s'est d'ailleurs déroulée parfaitement bien et j'ai accouché sans péridurale en l'espace de six petites heures... Bref, ma forme était excellente...
Avec un bébé à la maison, ça se complique un tout petit peu... D'abord, il faut récupérer de la fatigue, et la première année, les nuits sont souvent agitées et on dort peu... Mine de papier mâché et - allaitement aidant - ligne retrouvée, mais ramollie...
J'étais toute flasque et je m'en désolais... Aussi ai-je repris un abonnement dans mon club de gym... 
Et là, le miracle s'opère, mon corps se redessine, mes rondeurs disparaissent d'un côté pour apparaître de l'autre, plus fermes que jamais...
Bref, la forme... les formes... j'assure... J'affiche un sourire colgate, j'irradie et tous les hommes me regardent, un inconnu m'offre des fleurs, il m'invite dans le restaurant chic et branché de la ville et là, ô surprise, en croquant dans un fortune cookie, je manque de me casser une dent sur un diamant à la grosseur vulgaire... Je lui en colle une pour lui montrer que mes cours de musculation sont efficaces et que j'apprécie à sa juste mesure son cadeau, je remballe mon sac de sport et je rentre tranquillement à la maison en sifflotant l'air de Rocky...
Mère célibataire, mère célibattante, même combat...
Ouais, ben c'est pas en fantasmant comme ça que je vais me retrouver un mec, moi!

mardi 3 mars 2009

Je reviens bientôt...

Chers fidèles et rares lecteurs, ô mes "happy few", pardonnez-moi ce long silence durant lequel je vous abandonnai... 
Rappelez-vous, je suis prof! Et il m'arrive de travailler, eh oui! La fin du trimestre est toujours une période emplie de grattage de copies corrigées en dernière minute, de tapotage effréné sur la calculatrice qui crache sans pitié les moyennes, de claviotage - tiens, joli néologisme, ne trouvez-vous pas?- sur l'ordinateur en vue des commentaires impitoyables sur des élèves non moins impitoyables... Ah! Le plus beau métier du monde, qu'y disaient, engagez-vous qu'y disaient... Si j'aurais su, j'aurais pas v'nu (La Guerre des Boutons)...
Bref, vous disais-je, je reviens bientôt, plus en forme que jamais, avec quantité d'anecdotes savoureuses et sportives dont - j'espère - vous me direz des nouvelles, si d'aventure vous les lisez, dès qu'elles seront écrites, bien sûr... 
Quelle belle arrogance, quel aplomb superbe, qui augure favorablement de ce que je vous ai prédit...

jeudi 12 février 2009

Sables mouvants...

C'est en regardant des westerns que l'enfant que j'étais eut connaissance de ce phénomène géologique plutôt étrange pour une fille habituée aux montagnes et aux lacs alpins... Pour moi, la terre représentait quelque chose de solide, de stable, d'immuable, un roc revêtu d'un habit mordoré, d'une végétation rugueuse et tendre à la fois, de fleurs précieuses et rares comme les gentianes violettes ou les boutons d'or représentés sur le poster de la salle de classe... 
Aussi fus-je fort impressionnée par la vision horrible de ce cheval qui se débattait avec désespoir et terreur, sous les yeux du héros impuissant et tout aussi désespéré - surtout de perdre sa monture au milieu d'un désert désolé, sans compter qu'à cette époque, il n'y avait pas encore de GPS.
Je songe à cette image, car elle pourrait s'appliquer à certaines personnes que j'ai - hélas! - l'art d'attirer dans ma vie. Ces personnes se présentent tout d'abord sous un aspect rassurant et donnent une impression de stabilité et de sérieux. Puis, lorsque vous commencez à vous fier à elles et à compter sur elles, elles se dérobent, et parfois même disparaissent soudain, vous laissant désemparées... Je pense en particulier à un homme qui s'est littéralement effondré de l'intérieur, comme détruit par une sorte d'implosion, avalé par les sables mouvants de ses pensées destructrices pour lui-même et les autres... Vous pensez sans doute que j'exagère... Sans doute ne suis-je guère objective. Je m'en réserve le droit. C'est ma consolation. 
Mais tout comme le héros de ce vieux film noir-blanc, j'assiste, les bras ballants, à l'engloutissement de cet homme que j'aime encore...  
Alors, dans un sursaut, la petite montagnarde en moi resurgit et attrape une corde qu'elle attache à un rocher et la jette vers le naufragé des sables... Tentant de joindre dans un geste ultime deux univers diamétralement opposés, la montagne, le désert... Elle crie vers le ciel bleu et immense sa prière ultime qui se répercute sans fin, telle un écho...

Mise en abîme que tout cela, direz-vous - faisant ainsi étalage d'un certain vernis de culture littéraire...

jeudi 5 février 2009

Bête sociale...

Facebook, vous connaissez? Moi, je n'ai pu y échapper... Au départ, c'était surtout pour rester en contact avec mon amie de Singapour, Meilin, que je connais depuis presque vingt ans... Puis j'ai ajouté petit à petit d'autres amis et j'arrive à un modeste total d'une vingtaine de personnes plus ou moins proches, vrais amis, collègues parfois proches, parfois lointains... Je dois préciser que tous mes amis ne sont pas connectés à ce réseau social branché et que je ne suis pas une fanatique de ce moyen de communication.
Cela dit, lorsque j'observe les pages de mes correspondants, je constate que certains collectionnent une ou plusieurs centaines d'"amis", ce qui me laisse songeuse quant à l'authenticité de ces liens.
En effet, qui peut prétendre entretenir des liens profonds avec autant de gens... En général, les vrais amis se comptent sur les doigts d'une main, au plus deux... 
Je pense que les personnes qui accumulent ainsi les noms sur leur liste de prétendus amis sont des assoiffés de reconnaissance sociale... Je les imagine, lors de chaque soirée qu'ils peuvent passer en société. Au restaurant : "Elles sont bonnes, tes lasagnes? Dis, au fait, tu es sur facebook?". Au boulot : "Tu me laisses ta place, dès que tu as fini? A propos, tu veux voir mon profil sur facebook?". En boîte : "J'aime beaucoup ta robe. Je peux t'envoyer une photo sur ton facebook, si tu veux...". Et ainsi de suite. Si bien qu'en définitive, on se retrouve avec une myriade de photos de personnes toutes plus séduisantes les uns que les autres (les visages sont si photogéniques et parfois ne sont même pas ceux de leur propriétaire) et dont on se souvient à peine... 
Je n'ai jamais été très douée pour cette hypocrisie sociale qui consiste à faire croire à quelqu'un qu'il est important pour moi ou que je m'intéresse à lui.
Non, décidément, je ne suis pas une bête sociale...

mercredi 28 janvier 2009

Peau d'âne...

Vous souvenez-vous de ce conte de Charles Perrault, qui narre l'histoire d'une princesse qui dut fuir son château à cause de la folie incestueuse de son père? L'histoire en soi ne m'a pas vraiment marquée, à part un détail : la belle avait emporté dans sa fugue trois robes extraordinaires. Une robe couleur de Temps, une autre couleur de Lune et enfin, une robe couleur de Soleil. Sur les conseils de sa marraine la fée, elle les avait réclamées au Roi comme un défi, afin de ne pas céder à sa folle exigence : l'épouser. Mais les plus grands couturiers du royaume avaient créé de véritables merveilles. La jeune fille finit par s'enfuir, vêtue de la peau de l'âne sacrifié pour son caprice - cet âne procurait au roi de l'or à profusion.
Je me rappelle en particulier le moment où, réfugiée dans une infâme chaumière, elle se pare de ses somptueuses tenues, seule, mais épiée par un prince de passage dans la forêt...
Quelle petite fille ne rêve pas de ressembler à une princesse? Et en chaque femme sommeille ce fantasme lointain... 
Ne vous arrive-t-il pas, lorsque vous êtes désoeuvrée - croyez-moi, c'est rare - d'ouvrir votre armoire - j'aimerais pouvoir dire dressing, mais non...- et d'en extirper les robes sublimes que vous n'avez encore jamais mises? Celles en particulier que vous venez d'acheter sur ebay, confectionnées en Chine avec un savoir-faire digne de l'Empire déchu, et à des prix défiant toute concurrence.
Je les ai essayées aujourd'hui, et devant mon reflet, je n'ai pu m'empêcher de me trouver magnifique... Ma robe couleur de Lune était brodée de fleurs blanches et garnie de dentelle délicate... Ma robe couleur de Temps était violette, telle un ciel orageux constellé d'étoiles... Il me manque encore ma robe couleur de Soleil... 
L'espace d'un instant, je me suis prise pour une princesse... 

lundi 19 janvier 2009

Petite fille modèle...

Lorsque j'étais petite, j'ai découvert avec délectation l'oeuvre de la comtesse de Ségur, en commençant par Les Petites filles modèles, puis j'ai enchaîné avec les deux autres tomes de la trilogie... Une frénésie de lecture s'est ensuite emparée de moi et je crois que, sans avoir lu tous les ouvrages de cette femme à la vocation tardive mais prolixe, j'en ai dévoré une bonne partie.
Comme je lisais et relisais indéfiniment les mêmes livres - j'ai traité de la même façon Michel Strogoff de Jules Verne, Jane Eyre de Charlotte Brontë et Les quatre filles du Docteur March de Louisa May Alcott, pour ne citer que mes favoris de l'époque - les feuilles commençaient à se détacher et les pages à voleter dans le galetas, où je me réfugiais... 
Mes amies, plus fortunées que moi, dont le père artiste-peintre dilapidait le jour-même l'argent des toiles qu'il vendait, mes amies, donc, avaient reçu la collection complète des oeuvres de ladite comtesse, reliées de cuir bleu rehaussé à la feuille d'or et ornées des gravures d'époque... Je salivais d'envie devant leurs bibliothèques si bien garnies, et leur générosité me permit de leur emprunter ces merveilleux livres... Jamais je n'aurais osé demander à mes parents un tel présent sachant premièrement qu'ils n'en avaient pas les moyens, et deuxièmement qu'ils m'auraient dit non, le second point étant corollaire du premier. 
Je me suis si bien passionnée pour Les Vacances, qu'aujourd'hui encore je viens de finir sa énième relecture...
Récemment, mes soucis financiers étant - Dieu merci - résolus depuis longtemps, je me suis mise en tête d'acquérir cette fameuse collection dont j'ai la nostalgie. Malheureusement, elle n'est plus éditée. J'ai donc enquêté chez les bouquinistes de ma ville, mais sans succès. Je commençais à me résigner, lorsque j'eus l'idée de rechercher sur la toile et là, oh bonheur, je trouvai... Mais il s'agissait d'une vente aux enchères sur ebay... qui à ce jour n'a pas encore commencé... 
Je vais tenter ma chance et je vous tiens au courant...
Cela dit, à mon âge, je ferais mieux de m'intéresser à me trouver un compagnon... Mais ça, ça ne se commande pas sur ebay ! Quoique...

mercredi 7 janvier 2009

Breakfast at Tiffany

Lorsque le petit est chez son père, il m'arrive parfois de regarder un film sur mon splendide écran plasma nouvellement acquis (en novembre, rappelez-vous). Là, je suis tombée sur "Breakfast at Tiffany", une des innombrables rediffusions d'Arte. Et bien que je connusse déjà cet incontournable classique de Blake Edwards, je ne pus m'empêcher de le dévorer jusqu'à la fin. 
C'est bête, mais je pleure toujours comme une madeleine lorsque Holly découvre enfin qu'elle a besoin d'aimer... Audrey Hepburn donne une telle expression à son personnage, on dirait vraiment qu'un voile se déchire, qu'un muraille se désagrège... L'histoire se  passe à New York. Cette jeune femme fragile et superficielle, perturbée et arriviste, cache sa vraie nature sous une apparence élégante et un comportement frivole et charmeur... Elle s'étourdit dans un tourbillon de fêtes, sort avec quantité d'hommes tous plus fortunés et fats les uns que les autres, se dégrise au champagne dès le matin, s'orne d'un fume-cigarettes, de lunettes noires, de chapeaux extravagants et de chaussures pointues - nous sommes en 1961 - sans oublier la fameuse "petite robe noire" qui restera dès lors une référence éternelle en matière de mode.
Son voisin, Paul, est un jeune homme ambitieux qui rêve d'être écrivain. Plutôt veule, il se croit obligé de faire le gigolo auprès d'une femme riche et plus âgée que lui. Holly l'amuse dans un premier temps, puis il finit par tomber amoureux d'elle. Celle-ci le considère comme un ami. Un jour, son mari débarque du Texas. Elle l'avait épousé à l'âge de 14 ans pour subvenir à ses besoins et à ceux de son frère Fred . Puis avait quitté la maison de cet homme qui l'avait sortie du ruisseau...
Truman Capote est l'auteur de ce récit qui oscille entre satire de la société newyorkaise et tragédie... Le film s'achève sur une note optimiste, contrairement au récit littéraire.
Audrey Hepburn compose un personnage inoubliable, tout comme la chanson d'Henri Mancini, Moon River... Heureusement que la Paramount n'a pas voulu que ce rôle soit interprété par Marilyn Monroe, comme l'auteur le souhaitait...
Mille détails ont retenu mon attention : les tenues vestimentaires de Holly - Audrey avait un style inimitable - son canapé- baignoire, la scène de la femme saoûle qui rit toute seule en se regardant dans le miroir, puis qui pleure, le coup de sifflet de Holly qui appelle un taxi, les boules d'oreilles à pompons, le chat qui n'a pas de nom, le faux japonais, caricature campée par Mickey Rowney, le téléphone dans la valise, le baiser sous l'orage...
Les dialogues sont tantôt savoureux, tantôt cruels... Mais l'émotion est palpable sous ce vernis d'insensibilité... Du relief, pas du premier degré... 
Voilà, j'ai jeté quelques impressions rapides sur mon clavier afin de vous faire partager mon goût pour ce film... 


lundi 5 janvier 2009

dimanche 4 janvier 2009

Frileuse...

Trop froid pour sortir... Je me suis accoutumée au climat sec et ensoleillé de la montagne, et depuis que je suis retournée dans la ville enrobée de grisaille et de froidure, je n'ose plus mettre le nez dehors. Je me calfeutre dans mon appartement de 70m2, les radiateurs sont brûlants, j'ai des livres en quantité, des films en attente, mon frigidaire est plein, j'ai cuit un poulet rôti hier après-midi, ça va, je suis parée à toute éventualité. Sauf si une tempête fait rage et que le blizzard mette hors service les services industriels qui fournissent l'électricité...
Je trouve dommage que la fourrure soit politiquement non correcte, et de toute façon, je compatis à la souffrance des animaux qui sont torturés - le mot n'est pas trop faible - pour donner leurs peaux à des femelles d'une autre espèce, moins bien fournies qu'eux en poils... J'en ai observé quelques unes dans la station de ski où je me suis rendue récemment : des milanaises qui n'ont pas peur d'afficher leur standing et leur manque de solidarité envers la gent animale. Pour ma part, je me contente d'un long manteau en laine, moins chic et sans doute moins efficace...
J'ai fait une entorse à cette règle éthique, par ce temps glacial, je ma chausse de longues bottes en daim, garnies de peaux de lapin, mais le lapin, ça se mange, je n'ai pas les mêmes scrupules, et en plus, je ne suis pas végétarienne. Ma conscience me laisse tranquille tant que l'un de mes élèves ne me lance pas une réflexion du genre : "Madame, c'est du faux, n'est-ce pas?" Par expérience, j'ai appris à répondre par un "oui", pieux mensonge qui évite de me lancer dans une argumentation que je sais vouée d'avance à l'échec.
Bon, demain je recommence à travailler, il faudra bien que je sorte...

Crans Montana

samedi 3 janvier 2009

Retour à l'école...

Les fêtes sont passées... Les vacances touchent à leur fin.
Une semaine d'évasion à la montagne nous a permis, à ma mère, mon fils et moi, de faire le plein d'air pur et vivifiant, de soleil et de neige. Le petit s'est initié au ski, tous les matins, avec d'autres bambins de son âge, encadrés d'une équipe de moniteurs aussi dynamiques que patients. Bref, de vraies vacances, auxquelles il manquait toutefois la présence du papa, éternel absent, depuis ce funeste été où il s'est éloigné de nous. Je l'avais pourtant invité, mais il a décliné mon offre... Il ne sait pas ce qu'il perd... Mais ceci est un autre débat.
Mon propos n'a aucune prétention philosophique ni existentielle. Je ne vais donc pas disserter sur les humeurs de cet être tourmenté et instable.
Bon, je vais explorer mon sac d'école. Ne faites pas cette tête, je vous rappelle qu'en dehors des périodes bénies des vacances, je suis prof. Ouh les jaloux que vous êtes, ça y est, je vous vois venir... Les profs, on le sait bien, sont des fichus glandeurs qui ne f... rien, qui sont bien trop payés, qui ont trop de vacances et qui en plus ont le culot de se plaindre tout le temps...
Permettez-moi de modérer cette opinion populaire : vous ne voyez sans doute que la pointe de l'iceberg de notre profession. Moi, je dis que pour s'en rendre compte, il faudrait donner la possibilité aux détracteurs de ce métier de faire un mini-stage dans une de nos classes d'adolescents, et après il changerait peut-être d'avis. Sans compter que notre présence effective dans les classes n'est pas tout. Il faut encore préparer les cours - non, nous n'utilisons pas un manuel unique doté d'un corrigé à la fin -, faire les corrections, mettre des notes et rendre les moyennes et les commentaires à la fin de chaque période. Sans oublier les nombreuses réunions de travail, ou encore la formation continue. Le côté administratif des maîtres de classes, avec son cortège d'entretiens avec les parents, et autres réjouissances paperassières, tout cela pourrait rendre soudain - aux yeux du quidam critique et ignorant, la profession d'enseignant beaucoup moins attrayante...
D'ailleurs, je vais vous laisser, j'ai une pile de corrections qui m'attend...