jeudi 27 novembre 2008

Père Noël en Lévi-Strauss

Vous pensez peut-être que je vous vais parler de mes multiples paires de jeans qui s'accumulent dans mon armoire - mon dressing, pour faire snob - et dont aucune n'épouse parfaitement mes formes à la fois fines et rondes - ne vous ai-je pas dit que mon corps était parfait?
Ou encore que je vais évoquer un changement de look radical du personnage idolâtré par le marketing de décembre. Imaginez Santa Claus - comme on le nomme Outre-Atlantique - vêtu intégralement de blue jeans délavés, Santiags en prime. C'est drôle, mais j'ai un collège qui pourrait tenir ce rôle, la barbe en moins, les cheveux longs en prime...
Et bien non! Pour les lecteurs érudits que vous êtes sûrement, vous aurez deviné qu'il s'agit de l'ethnographe fameux, Claude Lévi-Strauss, auteur de Tristes tropiques, pour ne citer que le plus connu de ses ouvrages. J'ai relégué depuis la fin de mes études universitaires les nombreux viatiques de ma période estudiantine, et ce bouquin gît dans une malle bleu métallique - un "trunk" que j'ai rapporté de Canterbury, après mon année sabbatique en Angleterre - et doit sentir le moisi...
Mon intérêt pour cet auteur s'est subitement ravivé en regardant une émission fort intéressante diffusée par la chaîne à prétention culturelle "Arte", sur ma nouvelle télé à écran plasma flambant neuf.
Comme je suis arrivée à la fin, je n'ai pu capter que quelques bribes d'une analyse sur le Père Noël et sur les survivances païennes de cette fête. Selon Lévi-Strauss, la figure du Père Noël remonterait bien plus loin que la légende de Saint-Nicolas. Il s'agirait en fait des ancêtres morts qui viendraient récompenser ou punir les vivants... En 1951, un évêque de Strasbourg aurait interdit, au nom de la doctrine chrétienne, les manifestations du Père Noël, afin de redonner son sens premier à la fête de Noël, à savoir la célébration de la naissance du Sauveur. Mais paradoxalement, en sacrifiant en quelque sorte cette figure emblématique, l'Eglise avait redonné son sens premier à ce personnage...
Ces explications incomplètes ont éveillé ma curiosité et je suis allé vérifier sur internet. J'ai bien sûr trouvé le titre de l'essai : Le Père Noël supplicié, aux éditions Sables.
Par ailleurs, je n'ai rien contre le Père Noël. Mais il est vrai que cette débauche de rouge et de blanc, de houppelandes, de barbes centenaires qui se veulent rassurantes, de sourires radieusement forcés d'enfants qui ne savent plus à quel Père Noël se vouer, celui de Balexert ou celui de Manor?, ces montagnes de cadeaux tous plus clinquants et faussements luxueux les uns que les autres... Tout ça me fait douter du bien-fondé d'une telle tradition...

Pour ma part, j'ai choisi depuis longtemps. Je préfère de loin la version du nouveau-né d'origine divine, venu s'incarner humblement, et devenir le Sauveur de l'humanité...

Mais bon, si vous tenez absolument à me faire un cadeau pour Noël, pensez au Père Noël supplicié, je me réjouis de le lire...